Les confinements successifs ont sérieusement entamé la trésorerie et la confiance des restaurateurs et autres commerces de proximité. Poursuivant son combat anti-gaspi initié en 2016, Too Good To Go, l’application mobile qui conçoit des paniers repas à partir des invendus des commerçants, vient de lever 31,1 millions de dollars. De quoi accélérer, après l’Europe, son expansion aux Etats-Unis, un marché où le gaspillage alimentaire représente 30 à 40% de la production selon le service de recherche économique du département de l’agriculture américain (USDA).
Pépite tech lancée au Danemark, l’application a été développée avec succès en France par Lucie Basch en tant que co-fondatrice. De son côté, Mette Lykke a rejoint le projet en tant que PDG. Serial entrepreneuse, Mette Lykke, passée par le cabinet McKinsey, est à l’origine de Endomondo Sports Tracker, un réseau social de fitness, racheté pour 85 millions de dollars par le géant du sportswear Under Armour. Elle est aujourd’hui à la tête d’une équipe de 600 personnes, appelées les “waste warriors”.
Too Good To Go propose une relation gagnante-gagnante où chaque maillon de la chaîne devient un consom’acteur responsable : D’un côté les professionnels (restaurants, boulangeries, supermarchés, hôtels) sont en mesure de revendre leurs invendus du jour – plutôt que de les jeter – et d’attirer de nouveaux clients. De l’autre, les consommateurs ont accès à moindre coût à des produits frais de qualité.
Le consommateur choisit l’enseigne, réserve un panier dont il ignore le contenu exact sur l’application mobile puis passe directement le chercher chez le professionnels en payant ⅓ du prix initial. Enfin le concept est aussi bénéfique pour Too Good To Go qui prélève une commission sur les produits vendus. L’entreprise porte une mission ambitieuse et cohérente : donner des clés d’action pour permettre à chacun de s’engager contre le gaspillage. Un gaspillage alimentaire qui serait à l’origine de 8% des gaz à effet de serre dans le monde.
Aujourd’hui, la start-up certifiée B. Corp, lève 31,1 millions de dollars, dans un tour de table mené par Blisce (15,4 millions de dollars), le fonds d’Alexandre Mars. En trois ans Alexandre Mars a investi 300 millions de dollars dans des entreprises comme Spotify. C’est la première fois que Too Good To Go fait entrer un fonds de capital-risque au sein de la société. Cette nouvelle injection de cash permettra à la marque de nourrir des ambitions communes vis-à-vis du marché américain. Arrivée à New York et Boston en septembre dernier, l’application a déjà attiré 150 000 utilisateurs et 600 professionnels, vendant ainsi 50 000 repas. Des débuts prometteurs qui devraient connaître un grand coup d’accélérateur. Ce nouveau tour de table porte la somme totale des levées de fonds à 44,4 millions de dollars, selon CrunchBase. Déployée dans 15 pays, l’application revendique 30 millions d’utilisateurs, a permis de sauver 50 millions de repas tandis que 65 000 entreprises ont pu vendre leurs invendus. L’application Too Good To Go compte parmi ses partenaires des grands distributeurs comme Carrefour et Cora mais aussi des professionnels de l’hôtellerie comme le groupe Accor.
Cherchant à fédérer les acteurs de la filière alimentaire dans une mission sociétale, Too Good To Go a mis en place un pacte dans lequel les professionnels s’engagent à lutter contre le gaspillage à travers une meilleure compréhension des dates de péremption. Il y a ainsi un travail de sensibilisation sur les différences entre les mentions DLC – Date limite de consommation symbolisée par “à consommer avant le…” et présentant un risque pour la santé en cas de non respect – et les DDM – Date de Durabilité Minimale se présentant avec la formule “à consommer de préférence avant le…”.Sa cofondatrice Lucie Basch siège au comité d’orientation du groupe Carrefour dans le cadre de son projet Act For Food afin de l’aider à mener avec succès sa transition alimentaire.
Fin 2020, l’application a eu l’idée de proposer des paniers festifs anti-gaspi composés d’assortiments de produits de fêtes (saumon, foie gras, chocolat, produits traiteurs …) Des paniers disponibles directement auprès des grands distributeurs Carrefour, Cora, Match, Monoprix mais aussi boulangeries et commerce indépendants. Plus tôt dans l’année, la maison de champagne Ruinart (LVMH), engagée dans une démarche éco-responsable assidue, notamment sur le plan de packaging éco-conçu avec l’étui seconde peau, s’est mis à proposer des paniers repas à partir des invendus de son brunch du dimanche.
Hors alimentaire, ce concept où “toute denrée produite est une denrée vendue” se retrouve dans la mode – secteur réputé pour être parmi les plus polluants au monde – à travers le concept de la pré-commande. Un concept développé par les DNVBs et qui fait désormais des émules parmi les grandes marques.
victor gosselin
Journaliste web spécialiste des univers mode, luxe, tech et retail, passé par le Journal du luxe et Heuritech, Victor s'est spécialisé dans la rédaction de contenus BtoB. Diplômé de l'EIML Paris en marketing et communication, Victor a précédemment oeuvré dans le retail mode & luxe (Burberry, Longchamp...) ainsi que dans un département planning stratégique spécialisé luxe et premium en agence de publicité.