L’achat e-commerce en Chine – pays au taux de pénétration le plus élevé au monde – a connu une accélération des suites du COVID et d’un confinement drastique. Si la livraison a domicile a augmenté, le virus a rendu nécessaire le déploiement de mesures “sans contact” dans la logistique.

Fin 2020, la plateforme e-commerce chinoise JD.com, concurrente de Alibaba, a déployé une centaine de robots de livraison autonomes dans la ville de Changshu pour poser les bases de la première smart city au monde. Expérimentation concluante, elle compte maintenant déployer 100 000 autres unités autonomes d’ici cinq ans. Avec le concours de Nvidia, ces robots devraient révolutionner la livraison au dernier kilomètre côté consommateur comme livreur

Testé à Wuhan en février 2020, alors épicentre de l’épidémie de Covid-19, le concept de robot de livraison autonome s’est révélé un franc succès. Faisant équipe avec la société NVIDIA – spécialisée dans la logistique et la livraison propulsée à l’intelligence artificielle – le spécialiste du e-commerce JD.com a mis sur pied – ou plutôt sur roue – le tout premier véhicule autonome de série 4 (automatisation haute, autrement dit, une conduite totalement autonome hormis dans certaines circonstances) circulant sur la voie publique et dédié à la livraison de colis. La technologie permet aussi de réaliser une belle économie d’énergie : 10% d’énergie en moins pour l’industrie, elle n’est guère plus énergivore qu’une ampoule standard. Durant 107 jours, le robot a parcouru 6800 km et a délivré sans contact 13 000 colis aux hôpitaux de la ville. Devant l’ampleur du résultat, l’entreprise ne se considère plus comme un simple e-commerçant – fût-il le second plus grand de Chine – mais désormais telle une entreprise de technologie et de service dédiée à la livraisonL’expérience a permis à JD.Com d’analyser le comportement du robot en situation réelle et d’étudier une multiplicité de scénarios de circulation. 

A la fin de l’année 2020, JD.com décide de mettre la technologie au service du grand public et de déployer une centaine de robots autonomes dans la ville de Changshu, dans la province du Jiangsu. Cette agglomération de plus d’un million d’habitants constitue une des cinq villes les plus importantes de l’Empire du Milieu par son PIB. Selon Zhenhui Wang, CEO de JD Logistics, filiale de JD.com, l’automatisation de la livraison doit servir à améliorer l’expérience client tout en allégeant la charge de travail des livreursChaque véhicule est équipé de deux plateformes Nvidia Jetson AGX Xavier. Les plus grands modules ont un espace cargo de 2 m² et peuvent livrer plus de 500 colis à la fois. Ne nécessitant quasiment aucune interaction humaine, le robot calcule son trajet à partir des adresses inscrites sur les colis.A son passage, le destinataire reçoit une notification sur son mobile avec un code de déverrouillage. De manière à laisser le client récupérer sereinement son colis, il est programmé pour stationner au point de livraison un certain temps avant de poursuivre sa course. 

La technologie est aussi amené à transformer le métier : des opérationnels au management. De leurs côtés les livreurs deviennent les “commandants” d’une équipe de livraison automatisée qu’ils ont préalablement choisie lors d’une “campagne d’adoption”. Optimiser le temps de travail des employés en Chine s’avère pertinent alors que l’e-commerce est en plein boom et que comme le relève Bureau d’état de la Poste de Chine, près de la moitié des livreurs travaillent de 10 à 12 heures journalières, distribuant plus de 60 milliards de colis dans les 10 premiers mois de 2020. Par ailleurs, en 2020, durant le Single’s Day Festival, événement e-commerce majeur, les livreurs qui ont eu recours à un robot de livraison ont accru leur nombre de paquets livrés de 50% à 100%. 

Selon un rapport de Qianzhan, le marché de la livraison intelligente en Chine est estimée à 110 millions de yuans, tandis que le marché de la livraison via l’intelligence artificielle devrait atteindre 1,34 milliards de yuans d’ici 2025. C’est ainsi que JD.com table sur 100 000 robots de livraison autonomes d’ici 2025. Un dernier kilomètre – étape séparant la plateforme logistique de la livraison au retailer ou au domicile du particulier – critique à maîtriser et qui reste parmi les étapes les plus polluantes dans la mesure où elle est à l’origine de 20% des coûts et de 25% des gaz à effet de serre de la filière, selon l’IFOP. 

Pour améliorer l’expérience client tout en sécurisant la réception des colis, il existe de nombreuses adaptations à la livraison de colis comme les consignes individuelles ou encore le colis connecté comme The Box conçu par la startup française Living Packets