La crise sanitaire reste dévastatrice pour de nombreuses industries. Mais elles représentent également de réelles opportunités pour celles qui sauront tirer leur épingle du jeu. Exemple avec la food-tech.
L’alimentation est on ne peut plus au coeur des achats des consommateurs et consommatrices. Face à la pandémie, le secteur de la food tech s’adapte et de nouvelles tendances et opportunités s’en dégagent. Certaines d’entre elles ont été observées et analysées par Pitchbook dans son étude intitulée “Emerging Tech Research”.
Les opportunités financières
Premier constat : le secteur de la foodtech se porte bien financièrement. Il a levé 5,3 milliards d’euros au premier trimestre de l’année 2020. Une augmentation de 25,3% par rapport à la même période de l’année précédente.
Bien sûr, tout n’est pas non plus rose pour ce secteur. Les valorisations du capital de risque de stade avancé se sont effondrées (76,6%), note Pitchbook, tandis que les valorisations pre-money au démarrage ont bondi de 159,3%. Selon les résultats de l’étude, le secteur de la food tech ne va pas connaître de croissance, puisque “les transactions et sorties de capital-risque diminueront probablement au cours des prochains trimestres, les investisseurs dans le secteur ayant du mal à valoriser les opportunités et à rediriger les ressources vers les sociétés appartenant déjà leur du portefeuille”.
Étendre son champ d’action
Face à la pandémie, les consommateurs et consommatrices recherchent à faire leurs achats de première nécessité de façon efficace et rapide. C’est pourquoi la livraison a connu un grand succès : face aux mesures de restrictions et demandes de distanciation sociale, ce mode de consommation a été largement sollicité par une majorité de consommateurs et devrait continuer dans le temps. Ce nouveau comportement représente une réelle opportunité, rapporte l’étude de Pitchbook car, face à la concurrence, il va falloir, même en temps qu’entreprise de la food tech, proposer des alternatives qui ne soient pas forcément alimentaires.
C’est ce qu’a par exemple proposé DoorDash, entreprise américaine spécialisée dans la livraison de nourriture. Fondée en 2013, elle a annoncé le 1er avril dernier qu’elle allait s’associer avec d’autres magasins pour proposer des produits ménagers.
Faire évoluer son mode de livraison
Grande gagnante de la pandémie, la livraison tend à se généraliser dans de nombreux foyers. Pour les entreprises de la food tech, les opportunités sont grandes pour faire évoluer son modèle et proposer de nouvelles alternatives, telle que la livraison par des robots.
“La livraison autonome pourrait aider à propulser les fournisseurs de produits alimentaires vers leur prochaine phase de croissance”, peut-on lire dans le rapport de Pitchbook. “On estime que la livraison sur le dernier kilomètre représente jusqu’à 28% du total
les frais de transport, les robots de livraison et d’autres méthodes sans conducteur pourraient considérablement améliorer les aspects économiques de la livraison de nourriture pour les fournisseurs comme pour les consommateurs”. Une tendance également relevée par DigitalFoodLab, qui cite les startups Manna, Starship Technologies et Nuro, comme pionnières dans cette avancée technologique.
Mais l’avancée reste encore timide et la législation doit encore pouvoir s’imposer. En Californie, la voie a été ouverte mais le reste des États-Unis et l’Europe n’ont pas encore statué sur le sujet.
Autre solution rapportée dans le rapport de Pitchbook : profiter des réseaux de covoiturage pour faire livrer ses produits ou plats à des entreprises. Gojek, basée en Indonésie, et Grab Holdings, de Singapour, ont déjà investi ce marché.
S’implémenter dans les petites villes et zones rurales
Laissées de côté par les plus grandes entreprises, les petites villes et zones rurales sont pourtant elles aussi des cibles pour la livraison de produits alimentaires. Cette demande représente alors une réelle opportunité pour les startups de la food tech.
Faire adopter des produits d’origine végétale à une nouvelle clientèle
Face au pic d’achat durant la pandémie et les problématiques rencontrées par certaines enseignes concernant la chaîne d’approvisionnement, de nouveaux consommateurs pourraient s’essayer à des viandes et produits laitiers d’origine végétale, observe Pitchbook.
DigitalFoodLab note également une importante augmentation des ventes de ces articles.
Beyond Meat, l’une des références de substituts de viande à partir de plantes fondée en 2009, a connu une augmentation de 141% de ses ventes pour le premier trimestre de 2020 par rapport à l’année dernière. Même si les vente en restauration ont sans surprise chuté, cette augmentation des ventes auprès des particuliers indique que ce type de produits rentre dans les habitudes de consommation des acheteurs et acheteuses.
- Face à la crise et la pandémie, la food tech peut se saisir de multiples opportunités pour répondre aux nouvelles habitudes de consommation de sa clientèle.
- Parmi ses habitudes, on retrouve la livraison ou encore la consommation de viandes et produits laitiers d'origine végétale.
- La food tech peut également profiter de la crise pour accélérer sa transition vers une livraison plus autonome et diversifier sa clientèle en investissement de nouveaux territoires.
ariele bonte
Diplômée de Sciences Po Paris, Arièle Bonte est journaliste indépendante, spécialiste des inégalités économiques, de l'économie sociale et solidaire et des questions de genre. Rédactrice en chef de la newsletter #5novembre16h47, éditée par Les Glorieuses, elle s'intéresse aux mouvements qui transforment le monde et s'attache à leur porter un regard positif et optimiste.