Ce n’est un secret pour personne : la crise que nous connaissons actuellement aura de lourdes conséquences pour les entreprises de nombreux secteurs. Les fintechs n’y échapperont pas. Mais face aux défis rencontrés, des opportunités sont à saisir.
“2020 va être une période difficile à traverser pour les fintechs, mais des temps plus radieux les attendent”, prévient Radboud Vlaar, Managing Partner chez Finch Capital dans Finance Mag. En cause ? “Après la crise, ce sont les acteurs les plus disruptifs qui vont tout rafler, sur une logique de ‘the winner takes it all’ ; les services financiers vont en effet avoir un besoin accru de technologie pour les aider à gérer les interactions digitales, grâce à l’IA et au big data”, poursuit le spécialiste du fonds d’investissement, à l’occasion de la publication d’une étude sur le sujet, dévoilée en avril dernier.
Finch Capital a en effet interrogé les 95 fondateurs des startups issues de son portefeuille. Parmi elles, des structures purement fintech mais aussi les “enablers”, celles qui vendent leurs services à des fintechs, rapporte le site Finance Mag. Le fonds d’investissement néerlandais a également complété son étude avec des données issues de sources accessibles publiquement et disponibles sur d’autres sites spécialisés. L’objectif ? Permettre aux entrepreneurs des fintechs de dégager les opportunités et défis causés par la crise sanitaire.
La crise comme accélérateur
Comme dans beaucoup d’autres domaines, tels que la livraison ou l’alimentation, la crise a renforcé les changements déjà opéré ces dernières années. En première ligne, on retrouve donc dans le secteur des fintechs une normalisation du numérique avec une montée en puissance du télétravail partout en Europe, dont une augmentation de 50% en France.
En Chine par exemple, on note une augmentation des téléchargements des applications de finance mais aussi une recrudescence pendant la crise des plateformes de prêt en B2B et B2C, et une digitalisation du prêt hypothécaire et de l’assurance de la part de tous les acteurs.
La digitalisation comme catalyseur de difficultés
Cette accélération des usages du numérique et du recours au télétravail aura cependant un coût : la disparition des agences, courtiers et intermédiaires au profit des sites ou applications des banques, des fintechs et des insurtechs. Avec un objectif : faire face au changement d’échelle de la demande par Internet tout en préparant correctement la fermeture des lieux physiques et assurant une sécurité maximale des données des consommateurs.
Bonne nouvelle cependant, les solutions existent déjà. Elles sont d’une part offertes par les enablers. Ils proposent par exemple des chats nourris à l’intelligence artificielle pour faire face à la demande croissante des consommateurs en ligne. D’autre part par les solutions de KCY (“know your customer”). Elles répondent de leurs côtés au besoin accru de vérification, impliqué par la hausse du nombre de transactions digitales.
Au Canada, le géant du retail Shopify a répondu à la crise en annonçant en mai dernier le lancement de son terminal de paiement “tap-and-chip”, rapporte le Financial Post. Objectif ? Permettre “aux détaillants d’accepter les transactions par carte de débit et de crédit au nord de la frontière”, précise le site spécialisé.
“Les détaillants sophistiqués utilisent une technologie qui allie le monde hors ligne et en ligne et établissent des relations directes avec les consommateurs sur tous ces canaux”, a déclaré Ian Black, directeur de Shopify. Une illustration dans le retail des opportunités que peuvent également saisir les entreprises des fintechs pour assurer leur survi d’après crise.
La chute (temporaire) du financement des fintechs
Mais cette mise en place de solutions peut être cependant compliquée pour de nombreuses entreprises manquant de trésorerie. Les levées de fonds se font plus rares et moins spectaculaires qu’auparavant. Finch Capital note en effet une décroissance des investissement au premier trimestre 2020. Pis, les CVC (Corporate Venture Capital) risquent de leurs côté de tout simplement fermer. L’impact ne sera pas négligeable sur le financement global car, rappelle Finance Mag, “les CVC représentaient entre 10 et 20% des deals dans le monde” ces cinq dernières années.
Toutefois, la lumière au bout du tunnel devrait pouvoir briller à la fin de la crise et, avec, une recrudescence des levées de fonds pour les entreprises ayant survécu à ces mois difficiles.
- L'accélération du numérique offre aux entreprises des fintechs des opportunités comme une hausse des transactions.
- Mais cette accélération a un coût notamment pour répondre à la demande, assurer la sécurité des clients et accompagner la fermeture des lieux physiques.
- Ce coût est d'autant plus important que les financements ont largement baissé pendant la crise.
ariele bonte
Diplômée de Sciences Po Paris, Arièle Bonte est journaliste indépendante, spécialiste des inégalités économiques, de l'économie sociale et solidaire et des questions de genre. Rédactrice en chef de la newsletter #5novembre16h47, éditée par Les Glorieuses, elle s'intéresse aux mouvements qui transforment le monde et s'attache à leur porter un regard positif et optimiste.