Spotify bénéficie d’un effet covid et enregistre +27% d’abonnés en un an, qu’ils soient ou non payants. Bénéficiaire côté audience, la plateforme audio s’avère en revanche plombée par des coûts d’exploitation croissants non compensés par les recettes publicitaires, en berne sur l’année comme pour d’autres acteurs. Pour conserver son titre de leader, le suédois compte poursuivre son plan d’internationalisation, augmenter le ticket d’entrée et développer les recettes publicitaires d’un médium en pleine expansion, le podcast.
En 2020, la plateforme de streaming audio a fait le plein d’abonnés. Le nombre d’utilisateurs et d’abonnés payants représente 345 millions d’abonnés payants (+27% en un an). En terme d’abonnés payants, la plateforme réalise des résultats juste au-dessus des objectifs avec 155 millions utilisateurs (soit une croissance de +24% par rapport à l’année précédente. Une tendance qui s’observe surtout en Europe et aux Etats-Unis. “Nous estimons que la pandémie n’a eu que peu d’impact sur la croissance du nombre de nos abonnés et qu’elle a peut-être même contribué positivement à faire avancer de nouvelles inscriptions”, comme le déclare le groupe dans son rapport annuel.
Des résultats qui confortent sa position de leader face à Apple Music ou encore Amazon Music. Sous l’effet d’une hausse des coûts d’exploitation et d’une érosion des recettes publicitaires, Spotify accroît ses pertes nettes : près de trois fois plus à 581 millions.
Optimiste, la plateforme de streaming prévoit des pertes opérationnelles moindres pour 2021: entre 200 et 300 millions d’euros (contre -293 millions en 2020). A sa réunion annuelle des actionnaires, relayée par MusicBusinessWorlwilde.com, son CEO Daniel Ek a déclaré poursuivre la stratégie d’expansion internationale dans une douzaine de pays dont la Corée du Sud. Une décision qui fait suite à la pénétration de nouveaux marchés en Europe de l’Est cet été comme la Russie, actuellement 17e marché du streaming musical, à la croissance prometteuse.
Pour compenser ses pertes d’exploitation, la plateforme a déjà augmenté les tarifs de ses formules famille dans 7 marchés en octobre 2020, à savoir, l’Australie, la Belgique, la Suisse, la Bolivie, le Pérou, l’Equateur, la Colombie. En 2021, d’autres marchés ont été concernés dont la France où l’abonnement a augmenté de 1 euros, ce qui le porte à 15,99 euros.
L’autre axe de développement concerne l’innovation produit. Ainsi, Daniel Ek a déjà exprimé son vœu de transformer sa plateforme en hub social media. A l’instar de Tencent Music, il entrevoit l’ajout prochain d’une fonctionnalité commentaire, accessible aux abonnés payants. L’utilisateur serait alors libre de commenter ses morceaux ou ses albums fétiches, un peu à la manière de SoundCloud. Mais son autre arme de séduction massive pourrait bien être sa bibliothèque très fournie de podcasts. Ainsi, en décembre 2020, Spotify comptait 2,2 millions de podcasts. Ses recettes publicitaires, évaluées à 281 millions d’euros en 2020 sont en grande partie le fait de cette diversification réussie dans le podcast. La plateforme a devancé le mouvement de consolidation actuellement en cours, notamment chez son concurrent Amazon.
Accessible dans 93 pays, la plateforme a réalisé un chiffre d’affaires de 7,9 milliards d’euros, en hausse de +16,5%. Par ailleurs, Spotify s’est hissé dans le cercle très fermé des valeurs #StayAt Home résilientes en tête du classement Interbrand en 2020.
victor gosselin
Journaliste web spécialiste des univers mode, luxe, tech et retail, passé par le Journal du luxe et Heuritech, Victor s'est spécialisé dans la rédaction de contenus BtoB. Diplômé de l'EIML Paris en marketing et communication, Victor a précédemment oeuvré dans le retail mode & luxe (Burberry, Longchamp...) ainsi que dans un département planning stratégique spécialisé luxe et premium en agence de publicité.