Tendance présente dès 2016 aux Etats-Unis mais qui avait connu une véritable percée l’année dernière, l’achat de produits d’occasion ou reconditionnés pour les fêtes de Noël s’affirme cette année en France, après des signes prometteurs en 2019. Une tendance motivée par des aspirations écologiques autant que des arbitrages budgétaires accélérés par les impacts de la crise sanitaire et la fin du tabou pour les produits non neufs. 

Dans sa dernière étude annuelle Kantar pour Ebay, 50 % des Français seraient prêts à acheter un produit d’occasion en guise de cadeau de Noël. Une tendance corroborée par un sondage mené par la banque en ligne Oney où 16% des français sondés déclarent qu’il vont pour la première fois adhérer à la tendance pour les produits d’occasion pour Noël. 

Un engouement pour la seconde main qui touche tous types de produits : de la décoration, à la mode, en passant par les téléphones et ordinateurs, les livres, les articles de puériculture mais aussi et surtout les jeux et jouets pour enfants.  La catégorie Jeux et jouet est ainsi la plus visitée sur le site du Boncoin. 

Même si la conscience écologique est régulièrement mise en avant, la première motivation des français reste plus que jamais cette année l’argument économique. Ainsi, parmi les 58% des français déclarant être prêts à offrir un cadeau d’occasion pour des enfants à Noël, 54% désirent réaliser des économies financières, d’après un sondage Beebs, plateforme d’achat d’occasion pour bébé. Ils sont même 55% parmi les 18-34 ans. Même son de cloche aux Etats-Unis où OfferUp a constaté que 38 % des budgets des personnes interrogées avaient été affectés par la pandémie et près de 40 % d’entre elles pensaient que l’achat de produits d’occasion leur permettrait d’économiser entre 101 et 300 dollars.

Plus insolite comme le rapporte le Point, d’après les données du site Interenchères, première plateforme d’enchères numériques en France,  les français sont de plus en plus nombreux à miser sur les plateformes de ventes aux enchères pour dénicher un cadeau de noël hors du commun et exclusif. Il sont ainsi 41% à s’être inscrits à cette fin à une vente aux enchères entre octobre et décembre.  

Un phénomène qui s’explique déjà par une meilleure acceptation envers les alternatives au produit neuf : offrir comme recevoir un cadeau d’occasion n’a plus de connotation négative ou dépréciative. Au contraire, l’acte est perçu comme vertueux dans la mesure où il permet de donner une seconde vie au produit, de faire reculer son obsolescence et éviter qu’il ne finisse dans une décharge. « Toute cette stigmatisation de l’occasion est en train de s’estomper ou de s’évaporer », a déclaré Jill Standish, directrice générale du conseil mondial en commerce de détail chez Accenture. La société d’étude avait relevé en 2019 que près de la moitié des consommateurs américains envisageaient d’offrir des vêtements usagés en cadeau, tandis que 56% étaient prêts à accepter de tels cadeaux.  Cette année, OfferUp – quatrième application de shopping la plus populaire aux Etats-Unis, avec 20 millions d’utilisateurs actifs par mois – a mené l’enquête et il ressort que 66% des américains ont l’intention, cette année, de faire leur cadeau sur une plateforme de revente. Comme l’affirme Nick Huzar, son CEO, « L’acheteur d’aujourd’hui souhaite trouver de la valeur, être plus durable et faire ses achats localement. Le modèle de revente coche toutes ces cases, c’est pourquoi je pense que nous commençons enfin à voir certains retailers et marques inclure la revente plus directement dans leur activité ».Dans son enquête, OfferUp fait ressortir trois motivations pour l’achat de cadeaux sur les sites de  revente : la notion rapport qualité/prix (65%), la possibilité de trouver des articles rares ou épuisés (43%) et la notion de confort (43%)En France, selon l’étude Kantar pour Ebay, les motivations évoquées sont similaires, bien que réaliser des économies arrive ex aequo avec le fait d’offrir un objet rare et très personnel (32%) tandis que le geste écologique arrive en troisième position (31%).  

Devant ce glissement d’un “Saving money” individualiste à un “Saving the world” plus cohésif et teinté de pédagogie (surtout pour le jouet vis-à-vis de l’enfant), les grands magasins américains comme Macy’s ou JC Penney ont décidé d’embrasser la tendance second hand, un marché amené à représenter 51 milliards de dollars d’ici 2023, d’après la plateforme ThredUP.