L’Inde, marché mobile-first le plus sous-estimé au monde, a le coeur en fête. Considérée comme le plus important réseau social indien, Sharechat, la pépite de Bangalore vient de lever 40 millions de dollars. Avec le bannissement de TikTok, l’entreprise souhaite propulser le développement de sa propre application de création et de partage de courte vidéo, Moj. 

 

ShareChat, le principal réseau social indien et rival de WhatsApp vient de lever 40 millions de dollars auprès de ses investisseurs historiques Lightspeed India et SAIF Partners.  Pawan Munjal, PDG et président de Hero MotoCorp, et Ajay Shridhar Shriram, président de DCM Shriram se joint à ce tour de table. Se décrivant comme amusant et romantique, le réseau social abrite des vidéos et, grande tendance digitale en Inde depuis 10 ans redécouverte avec le confinement, les shayari (ou poésie ourdoue). Cette art parlé ancestral s’observe sur les réseaux sociaux où les internautes, jeunes comme moins jeunes expriment leurs sentiments et leurs pensées en reprenant des couplets entiers de poètes locaux célèbres sous forme de citations. Cette levée fait suite un tour de table en série D mené par Twitter en août 2019 qui avait rassemblé 100 millions de dollars

 

La plus grande démocratie au monde est aussi le second foyer le plus important en termes de variété de langues parlées sur le territoire avec 780 langues dont une majorité de dialectes locaux. La plupart des marques ont jusqu’ici surtout chercher à combler les demandes concernant les 2 langues principales du pays, à savoir l’anglais et l’hindi. Sans oublier, qu’avant la colonisation britannique, le perse était la langue officielle de la cour. Toutefois ces langues restent surtout parlées dans la région nord et centrale de l’Inde. Et ce faisant donnait à voir un ciblage plutôt urbain et ne concernant que les principales mégapoles, un comble pour un pays majoritairement rural. Ainsi,  la constitution indienne ne recense que 22 langues différentes et historiquement n’en comptait que 14. Ce sont ces 14 langues officielles et comptant plus de 1000 pratiquants qui sont prises en charge par le réseau social ShareChat. Parmi elles, on trouve outre l’hindi, le bengali (2e langue locale la plus parlée) le Telugu et le Tamil. 

Le confinement aidant, la startup de Bangalore – la Silicon Valley indienne – a gagné 10 millions d’utilisateurs actifs sur l’année 2020. ShareChat rassemble aujourd’hui plus de 80 millions d’utilisateurs actifs mensuels, qui passent une moyenne de 34 minutes par jour sur la plateforme. Début juillet, avec le départ de TikTok et ses 200 millions d’utilisateurs, Sharechat a lancé son éditeur de vidéos de courte durée made in India, Moj. Cette dernière rassemble 160 millions d’utilisateurs actifs par mois, lesquels passent environ 31 minutes sur l’application chaque jour. L’espace laissé par l’interdiction de TikTok par New Dehli a fait émergé de nouveaux challengers : DailyHunt a lancé Josh tandis que le lecteur MX de Times Internet a lancé TakaTak. Selon ShareChat, sa maison mère et l’application vidéo Moj comptabilisent actuellement une moyenne de plus de 240 millions d’utilisateurs mensuels

Cette nouvelle injection financière, permettra à ShareChat d’aller toucher la diaspora indienne située hors du territoire et de favoriser le développement de son application de courtes vidéos MojEn outre, la levée devrait permettre de renforcer l’efficacité algorithmique de son intelligence artificielle, de lancer de nouveaux produits et de nouer des partenariats plus importants avec des labels musicaux. Par ailleurs, la start-up de Bangalore s’est engagée avec plusieurs grands fonds de capital-risque et des géants de l’industrie à lever plus de 100 millions de dollars dans les prochains mois. Récemment ShareChat était même en discussion avec le fond Sequoia et les entreprises américaines Google et Microsoft pour une levée de 200 millions de dollars supplémentaires sans que cela n’est jusqu’ici été suivi d’effet. À ce jour, ShareChat a levé au global environ 264 millions de dollars.

 

ShareChat n’est pas le seul acteur à vouloir capitaliser sur les langues locales indiennes. Ainsi le géant du E-commerce Amazon et son rival indien Flipkart, propriété du distributeur Walmart, proposent aussi des contenus dans des dialectes locaux au delà de l’hindi.

Amazon a ainsi annoncé que son site indien de commerce électronique, Amazon.in, est désormais disponible dans quatre langues du sud de l’Inde, à savoir le kannada, le malayalam, le tamoul et le télougou, ce qui donne accès à son site à 200-300 millions de clients supplémentaires.