Segment sous-bancarisé et longtemps négligé, les adolescents sont la nouvelle cible privilégiée des banques et plus encore des néobanques, ces jeunes pousses digitales qui offrent à leur client, en plus d’une carte de crédit et d’un compte bancaire, un suivi temps réel des avoirs et transactions via une application mobile dédiée. La start-up française Kard, qui vise ce segment de niche vient ainsi de lever 3,5 millions de dollars supplémentaires. De quoi songer à de nouveaux produits bancaire, poursuivre son expansion.
Cette nouvelle levée de 3,5 millions de dollars (3 millions d’euros), fait suite à un tour de table d’un montant similaire récolté l’année dernière. Ce qui porte la levée globale à 6 millions d’euros.
En France, 15% des adolescents ont un compte bancaire. Un segment qui fut longtemps mal-adressé, les banques traditionnelles les considérant avant-tout comme les enfants de leurs parents ou comme de futurs clients. Sans compter que bien souvent le ton employé et les services proposés ne répondent pas aux nouveaux usages de cette génération Z, hyperconnectée.
Lancée en mai 2019, soit quelques mois à peine après Xaalys, Kard s’intéresse à une cible bien plus large que ses concurrentes : les adolescents non bancarisés dès 12 ans. Kard propose une expérience client caractéristique des néobanques : une inscription en quelques clics, une carte de crédit et un compte bancaire, le tout relié à une application mobile de suivi en temps réel. Parmi les services proposés, il est possible de planifier des virements automatiques au mois ou à la semaine, bloquer ou débloquer sa carte, envoyer instantanément de l’argent, gérer des cagnottes, catégoriser les dépenses ou recevoir des notifications du solde du compte. Pour plaire aux adolescents la carte de crédit mastercard prépayée est désormais décliné en 3 coloris : noir, argent et rose.
Sa particularité, elle cherche à convaincre les parents pour l’ouverture d’un compte puis ne s’adresse qu’à ses clients directs, les adolescents entre 12 et 25 ans. Comme l’affirme son site internet, “Plus qu’une banque, nous voulons créer un véritable compagnon financier pour les adolescents qui simplifie radicalement les échanges financiers au sein des familles.” Kard joue donc la carte du pilotage sécurisé de l’argent de poche, de la transparence ainsi que de l’autonomie financière et de la responsabilisation.
La start-up a créé le buzz lors de son lancement en proposant un service entièrement gratuit. Une stratégie d’acquisition qui s’est révélé payante puisque 50 000 adolescents se sont abonnés depuis ses débuts. Aujourd’hui, Kard fait évoluer son offre et bascule sur un modèle d’abonnement payant de 4,99 € par mois ou de 49,90€ par an par famille. Le prix est ainsi décorrélé au nombre d’enfants. Quant aux clients de la première heure, le service sera gratuit à vie, de quoi les fidéliser au delà de leur majorité.
Un choix logique, dans la mesure où la startup n’était jusqu’ici rémunéré que sur les frais d’interchange, minimes. Là où ses concurrents Xaalys et PixPay disposaient d’un abonnement payant et d’une option internationale. Kard s’appuie néanmoins sur des partenariats en tout genre comme avec Ubereats où elle récupère une commission. D’autant que le coût d’acquisition pour une néo-banque est plus important que celui d’une banque traditionnelle qui n’a qu’à convaincre les enfants de leurs clients. Comme confié au JDN, Kard estime avoir un coût d’acquisition client quasi nul grâce à un service de parrainage en pré-inscription, au bouche à oreille et à son compte Instagram. Un compte instagram qui joue à fond les émojis en all-over, les jeux concours et les questions sondages décalés.
Aujourd’hui, 3 néobanques pour adolescents (Kard, Xaalys et PixPay) se partagent un marché de 100 000 individus en France. A cela s’ajoute d’autres challengers comme Vybe, Revolut Junior et Lydia, tandis que les banques traditionnelles pourraient riposter.
Kard a pour objectif de poursuivre son expansion en visant un déploiement dans 3 pays d’ici fin 2020 ainsi que de lancer de nouveaux produits financiers (comme une assurance sports d’hiver). Le modèle à suivre reste la néobanque britannique GoHenry, fondée en 2012 et qui compte déjà 500 000 clients. Elle vient ainsi de lancer une assurance smartphone. Par ailleurs, la start-up parisienne pourrait se rapprocher de Apple Pay et Google Pay. Enfin, l’entreprise vise la rentabilité d’ici 5 ans.
victor gosselin
Journaliste web spécialiste des univers mode, luxe, tech et retail, passé par le Journal du luxe et Heuritech, Victor s'est spécialisé dans la rédaction de contenus BtoB. Diplômé de l'EIML Paris en marketing et communication, Victor a précédemment oeuvré dans le retail mode & luxe (Burberry, Longchamp...) ainsi que dans un département planning stratégique spécialisé luxe et premium en agence de publicité.