Avec la chute brutale de leurs revenus publicitaires, nombre de médias sont désormais contraints de trouver de nouvelles voies pour assurer leur avenir. Dans la tempête, les idées émergent et de beaux projets à la lisière du journalisme et du social media management pointent à l’horizon.
Depuis 2019 et l’irruption de TikTok sur le marché des réseaux sociaux grand public, le temps s’est brutalement accéléré. En perte de vitesse constante, les médias nationaux cherchent désormais de nouvelles bases de réflexion pour asseoir les prémices d’un modèle économique qui pourrait, enfin, faire la synthèse entre leur milieu traditionnel et ces nouveaux outils sociaux qui leur tendent les bras. A la faveur de l’ouverture des outils de sponsoring et d’annonces, de grands noms de la presse Française tels que Le Monde ou Gala se sont lancés sur TikTok, le nouveau réseau préféré des 14-18 ans, suivant ainsi l’exemple de leurs confrères américains d’ESPN, de NBC ou du Washington Post. Et les premiers résultats sont convaincants. A lui seul, Gala a réussi à attirer plus d’un million et demi d’abonnés sur son compte. Plus modeste, Le Monde a lancé son propre compte en juin 2020 et rassemble aujourd’hui près de trente-sept mille personnes autour de résumés de l’actualité et de chroniques décalées. L’application TikTok a généré plus de 300 millions de téléchargements dans le monde au premier trimestre 2020. Boosté par les épisodes de confinement, elle se hisse à la première place du classement mondial des applications les plus populaires. Ce qui en fait un lieu propice pour les annonceurs.
Un cap est franchi pour Instagram
Véritable rouleau compresseur, Instagram a largement dépassé les attentes de sa maison mère Facebook. Cette seule application génère plus d’un quart des revenus publicitaires du groupe et tend à augmenter encore son potentiel d’attractivité. Accessible au plus grand nombre et utilisé par un milliard de personnes dans le monde (dont la moitié se connecte chaque jour), il constitue un phare pour les annonceurs dans de nombreux domaines. Selon une étude publiée en 2019 par Facebook, 83% des instagrameurs assurent découvrir de nouvelles marques et des produits inédits sur ce réseau. Bloomberg rapportait en février dernier qu’Instagram a généré 20 milliards de dollars (18,11 milliards d’euros) de revenus en 2019… reléguant la toute puissante plateforme Youtube aux accessits avec « seulement » 15 milliards de dollars. Un tel écart aura tôt fait de marquer les esprits et soulever les interrogations. Depuis 2013, en réalité, les responsables de Facebook ont commencé à barder leur nouvelle acquisition de services et d’outils marketing de haut niveau avec un but avoué : attirer les entreprises et les annonceurs. Pari réussi sept ans plus tard.
Les réseaux s’éditorialisent
Au-delà de la présence de plus en plus soutenue de médias sur les réseaux sociaux, ces derniers voient désormais débarquer des projets spécifiquement développés et pensés pour eux. A l’instar des stories publiées par Le Monde, Le Courrier International ou Libération qui a su adapter son célèbre portrait de quatrième de couverture à « Insta », des rédactions s’engagent sur une nouvelle piste journalistique avec un but : attirer l’attention d’annonceurs qui désertent leurs canaux classiques. Il y a quelques mois, RMC Sport a eu l’idée lumineuse de lancer une chronique mêlant football et musique urbaine. Imaginé par Alexandre Jaquin, l’un des jeunes talents du média détenu par Altice, Double Contact est une interview croisée diffusée à la fois sur le site de RMC Sport et sur Snapchat. Lancé chaque samedi, il récolte plusieurs dizaines de millions de vues par numéro sur le réseau social. Des vues synonymes de monétisation et de captation de nouveaux fans pour la marque. De quoi faire réfléchir bon nombre de médias traditionnels.
- La crise oblige annonceurs et médias à revoir leurs modèles traditionnels
- Facebook est au rendez-vous avec de nouveaux outils en ligne
- Instagram, le prochain géant
- Les réseaux sociaux s'éditorialisent avec des contenus natifs
jeremy felkowski
Journaliste, entrepreneurs des médias et touche-à-tout insatiable, Jérémy Felkowski a fondé "Le Zéphyr", un bi-média déployé sur le web et sur papier qui explore l'actualité au travers des aventures humaines. Un projet qui permet à sa rédaction de donner corps à une ligne éditoriale curieuse, exigeante et humaniste. Il accompagne également créateurs de médias dans la définition de leur concept, de leur communication et de leur networking. A partir de 2015, cet engagement s'est matérialisé par un événement dédié aux jeunes pousses de l'information qu'il porte avec Le Zéphyr, en parallèle de ses missions de coaching. "Le Printemps des médias" rassemble chaque année à Paris une centaine de créatifs, de journalistes et d'esprits curieux autour de problématiques centrales du monde médiatique. Mais au-delà des rencontres et du pilotage de projets, il partage désormais son expertise avec les étudiant.e.s d'écoles de journalisme et de communication tels que l'IICP, l'ISG, l'EFAP et les établissements du groupe ESG.