Sous l’impulsion d’une crise complexe, le monde de la mode se renouvelle et tente de conquérir des marchés inattendus. Sa force ? Un sens de l’innovation rare et une capacité à voir loin devant lui pour initier des mouvements profonds.
Susciter l’envie et anticiper les ventes
En l’état actuel des choses, les charges et les dettes sont sans doute les pires ennemis d’une entreprise. Pour les combattre efficacement, les grandes enseignes de la mode ont eu l’idée ingénieuse de multiplier les systèmes de précommandes. Si le concept est encore récent, il a déjà prouvé son efficacité en conditions réelles. Utiliser des précommandes, cela entraine moins de stocks, moins de délais d’approvisionnements et, naturellement, moins d’espaces utilisés pour faire vivre une entreprise. Beaucoup de DNVB s’y sont mises, à l’image de Réuni, Asphalte ou Circle Sportswear qui multiplient les initiatives et en font l’élément central de leur démarche commerciale. Ca et là, on observe des projets fleurir sur le web. Des enseignes populaires et des marques puissantes s’y mettent. En France, par exemple, la boutique en ligne de l’Olympique de Marseille propose régulièrement des articles exclusifs en prévente aux membres de sa communauté. D’autres clubs de football professionnels font de même et s’engouffrent dans une mode qui semble en passe de devenir une norme.
Unir ses fournisseurs en un même lieu
Des relations fournisseur digitalisées… Voici ce que met actuellement en place le réseau Système U. Au cœur du dispositif, l’enseigne de retail s’est associé avec Alkemics. Cette plateforme française de commerce collaboratif propose une solution permettant la mise en relation simplifiée entre marques et distributeurs pour l’échange de données produits. Le groupe est en train de déployer le concept sur l’intégralité de son réseau qui compte 1601 points de vente sur le territoire français. Impliquée dans la relation du groupe avec l’ensemble de ses fournisseur, la plateforme d’Alkemics permettra à Système U de nouer des relations plus étroites et plus simples avec des créateurs, des PME et des startups tricolores. Autant de pistes pour détecter des talents insoupçonnés et de compléter ses collections avec des produits potentiellement exclusifs.
Maîtriser sa chaîne de production de A à Z
Du monde réel aux supports numériques, il n’y a parfois qu’un pas… ou plutôt un clic. Symbole du savoir-faire italien depuis 1927, Ferragamo veut se transformer et prendre le virage du numérique face à une crise aux conséquences drastiques. Avec plus de 222 millions d’euros de perte au premier trimestre, la marque a vu son chiffre d’affaire reculer de 30%. Dans un tel contexte, toutes les économies sont importantes et une alliance va sans doute faire la différence. Depuis quelques mois, elle s’est associée Centric PLM, la solution déployée par Centric Software, pour accentuer sa maîtrise du parcours de vie de ses produits. Interrogé par Le Journal du Luxe, James Ferragamo, le directeur Marque, Produit et Communication, insistait sur les objectifs de la firme. « Nous voulions obtenir un maximum de visibilité sur notre développement produit, d’utiliser les best practices actuelles pour optimiser nos processus de design et de fabrication, et de créer une plateforme permettant à nos équipes de mieux collaborer ».
Nouer des contacts directs avec le client
Parmi tous les groupes textiles, H&M est sans doute l’un des plus innovants. Le groupe suédois spécialiste de l’habillement lance actuellement des outils dédiés à ses réseaux sociaux et son site principal. Les assistants virtuels et les robots de chat conversationnels qu’il développe actuellement permettront des interactions avec les services Google, qu’il s’agisse de Maps ou de bancs de recherche. Une fois déployés, ces outils feront de H&M le tout premier acteur du secteur de la vente à user de telles technologies. In fine, ces outils offriront aux clients une plus grande amplitude en terme de choix et de flexibilité lors de leurs emplettes. Et lorsque l’on sait que l’expérience utilisateur est désormais l’un des grands moteurs pour déterminer un acte d’achat, la politique du géant du géant a tout d’une bonne idée.
S’offrir une deuxième chance
Miu Miu se met à l’écologie en renouvelant son approche de la couture. La maison italienne a eu l’idée de confectionner une série de robes à partir de vêtements dénichés en friperies, brocantes et autres boutiques de seconde main. Près de quatre-vingt pièces non griffées ont été détectées et rapportées vers les ateliers du couturier pour être entièrement repensées. Raccourcies, décorées, ornées, recousues… Elles se sont transformées en œuvres présentées lors d’un festival. Au-delà des pratiques éco-responsables, la marque du groupe Prada s’offre, ici, une belle opération de communication. Elle prône en effet l’esprit d’innovation et de créativité propre au géant du luxe et met ses abonnés au défi de renouveler l’expérience sur Instagram.
- Le public change, la mode aussi
- Les marques repensent leurs chaines de production
- De nouveaux concepts interactifs émergent
- Les clients sont au centre des préoccupations
jeremy felkowski
Journaliste, entrepreneurs des médias et touche-à-tout insatiable, Jérémy Felkowski a fondé "Le Zéphyr", un bi-média déployé sur le web et sur papier qui explore l'actualité au travers des aventures humaines. Un projet qui permet à sa rédaction de donner corps à une ligne éditoriale curieuse, exigeante et humaniste. Il accompagne également créateurs de médias dans la définition de leur concept, de leur communication et de leur networking. A partir de 2015, cet engagement s'est matérialisé par un événement dédié aux jeunes pousses de l'information qu'il porte avec Le Zéphyr, en parallèle de ses missions de coaching. "Le Printemps des médias" rassemble chaque année à Paris une centaine de créatifs, de journalistes et d'esprits curieux autour de problématiques centrales du monde médiatique. Mais au-delà des rencontres et du pilotage de projets, il partage désormais son expertise avec les étudiant.e.s d'écoles de journalisme et de communication tels que l'IICP, l'ISG, l'EFAP et les établissements du groupe ESG.