La chaîne d’alimentation DTC originaire de Mexico et fonctionnant exclusivement par livraisons, Jüsto vient de lever 12 millions de dollars. Un signe de la pertinence du business model du “dark store” en pleine ébullition avec le confinement et du circuit court, pour une entreprise qui avait commencé par proposer ses services à trois mairies de la capitale mexicaine.
Avec son dernier bouclage de 12 millions de dollars, Jüsto peut se targuer d’un financement de 20 millions de dollars en l’espace d’un an. Ce nouveau tour de table a été mené par Foundation Capital ainsi que Mountain Nazca, FEMSA Venture, Quiet Capital et 500 Startups.
A priori, il pourrait s’agir d’un supermarché comme il en existe déjà des milliers. Et pourtant Jüsto ne dispose d’aucune boutique physique et ce n’est pas sa seule spécificité. Ce pure player, spécialisé dans la livraison de produits frais, capitalise sur le modèle du “dark store” et d’une distribution direct-to-consumer. Le dark store est en fait un point de vente retail ou un bâtiment autre reconverti en espace de stockage e-commerce. Cette implantation géographique urbaine permet à l’entreprise de promouvoir la vente en gros auprès des clients finaux, tout en réduisant le taux de démarque inconnue (vol, perte ou péremption des produits). De plus, le type de stockage choisi permet de bénéficier d’une capacité de stockage plus conséquente que dans le retail physique et donc de proposer une offre élargie de produits.
Sur son site les clients peuvent acheter à des prix similaires à ceux pratiqués par ses concurrents physiques, des produits d’épicerie, d’hygiène et de beauté, des produits ménagers et de nettoyage, des boissons, des produits bios, de la nourriture pour animaux de compagnie, des fruits, des légumes, des viandes et poissons et maintenant des produits surgelés. Sa force tient dans une offre qui favorise les circuits courts en ne s’adressant qu’à des fournisseurs locaux. Contrairement à ses concurrents, son ancrage local lui permet de garantir l’extrême fraîcheur des produits frais proposés. La proximité de ses espaces de stockage avec le domicile de ses clients permet à ceux-ci d’être livrés directement chez eux en express, same day ou le lendemain. En outre, Jüsto propose aussi une solution se conformant aux attentes en matière d’éco-responsabilité en supprimant le plastique à usage unique.
Le soutien du projet tient beaucoup au profil de son fondateur, Ricardo Weder, l’homme derrière le succès de l’entreprise de covoiturage Cabify qui a connu une forte croissance en Amérique latine et présente aussi en Espagne et au Portugal.
En outre, le succès de Jüsto s’appuie sur la pénétration internet croissante au Mexique et en Amérique latine ainsi que sur un taux d’équipement en smartphone en constante évolution. Comme le souligne celui-ci, le taux de pénétration du marché de l’e-commerce alimentaire dans la région était d’à peine 2% pré-Covid, aujourd’hui c’est quasiment le double. L’argent frais collecté vise à poursuivre son expansion internationale en direction de la Colombie.
Sans compter, la promesse du site : “un supermarché sans sortir de chez soi”, un argument de taille à l’heure du COVID-19 et de la volonté des individus à limiter au maximum les vecteurs de contagion. Car, si les Etats-Unis constituent le pays le plus endeuillé de la crise sanitaire au 2 octobre avec 207 816 morts, le Mexique se situe en 4e position mondiale avec 78 078 morts, juste derrière l’Inde (99 773 morts). Par ailleurs, une étude Nielsen a relevé que 11% des personnes sondées avaient acheté des produits frais pour la première fois sur internet. Or, 70% d’entre eux ont déclaré vouloir réitérer l’expérience dans le courant de l’année.
L’entreprise n’est, toutefois, pas la seule à proposer un hub logistique de proximité sous la forme d’entrepôts dédiés au e-commerce. En Russie, Samokat a adopté une stratégie similaire proposant plus de 3000 références et une livraison en moins de 45 minutes grâce à ses dark stores urbains.
victor gosselin
Journaliste web spécialiste des univers mode, luxe, tech et retail, passé par le Journal du luxe et Heuritech, Victor s'est spécialisé dans la rédaction de contenus BtoB. Diplômé de l'EIML Paris en marketing et communication, Victor a précédemment oeuvré dans le retail mode & luxe (Burberry, Longchamp...) ainsi que dans un département planning stratégique spécialisé luxe et premium en agence de publicité.