Avec les confinements successifs et la perte de la clientèle d’affaires et touristiques, l’hôtellerie-restauration est sans doute l’un des secteurs les plus impactés par la crise sanitaire. 

Pour tenter de compenser baisse d’activité et taux d’occupation des chambres en berne, les hôteliers se réinventent et diversifient leurs offres de service. Parmi eux, le groupe AccorHotels développe une offre locative de télétravail à destination de salariés et de freelances en quête de calme et de meilleure productivité. 

Depuis le mois d’août, le groupe Accor expérimente une nouvelle offre destinée aux salariés confinés, son nom : Hotel Office. Le géant de l’hôtellerie a ainsi converti 250 hôtels au Royaume-Uni et annoncé étendre la formule télétravail à la France dès le mois de septembre. 

Libre au télétravailleur de louer une chambre à la journée – entre 9h et 18h – pour faire office de lieu de travail tout en segmentant mieux son espace de vie ainsi que sa vie privée. La réservation se fait en ligne ou par téléphone. Les prix dépendent du positionnement de l’hôtel. A la journée, il en coûte ainsi 35 livres (soit 38 euros)  pour les hôtels Ibis Budget et 160 livres (177 euros) pour les hôtels du groupe Fairmont. Le groupe propose ainsi au client de “changer de décor sans mettre les pieds au bureau”. Le dispositif permet au collaborateur intéressé de bénéficier du calme, de la climatisation, d’un espace de travail adapté et d’un wifi performant.Mais surtout à l’heure de la crainte du virus, il peuvent bénéficier de protocoles sanitaires stricts.

L’idée est venue, selon la direction, d’un sondage réalisé auprès de 2000 collaborateurs britanniques du groupe. La moitié d’entre eux ont déclaré avoir été en état de souffrance lors du confinement tandis que 23% ont indiqué que les distractions à domicile entraînent une perte de productivité et 29% (5,5 millions de travailleurs) avait du mal à concilier vie pro et vie perso.

Selon Karelle Lamouche, Directrice commerciale Europe du Groupe, interrogée par le Figaro, l’offre Hotel Office vise à compenser la baisse du nombre de nuitées consécutives à la crise sanitaire. Dans son communiqué publié début août, Accor Hotels relevait une chute de 59,3% de son RevPar – Revenu par chambre disponible, autrement dit le rapport entre la dépense moyenne par client (Prix Moyen) et le niveau de la demande (Taux d’Occupation) – global sur le premier semestre 2020. 

Nouvelle cible du groupe, les salariés en quête de lieux alternatifs et satellites afin de bénéficier d’une expérience de télétravail optimal. Reste à convaincre les décideurs RH d’offrir de tels services à leurs salariés. Les entreprises sont en effet soucieuses de la sécurité sanitaire mais aussi informatique. Sans compter que pour l’instant, le budget de nombreuses entreprises étant contraints, les frais sont entièrement à la charge des salariés, ce qui diminue considérablement la portée de l’offre et se destine donc davantage aux freelances.

Si l’horizon semble moins porteur que prévu, l’offre “Hotel Office” prépare pourtant le terrain de l’après COVID et de la démocratisation du télétravail. Avec la multiplication prochaine en France des accords et autres chartes de télétravail – précisons non forcé – les salariés pourraient être tentés par la mobilité et se rapprocher des villes secondaires. Les établissements hôteliers situés dans ces zones ainsi que les mieux desservis par des gares ou stations de métro pourraient clairement à terme en bénéficier. Certains experts n’hésitent pas à parler d’une redéfinition du “meilleur emplacement” pour l’ensemble du secteurComme le déclare Karelle Lamouche, l’offre vise 320 hôtels à travers l’Europe du Nord, notamment le Royaume-Uni, la Hollande et la Belgique. 

A noter que d’autres pistes sont aussi évoquées par le groupe Accor comme l’aménagement de salles dédiées aux réunions hybrides (mi-virtuel et mi-présentiel) en petit comité pour équipes dispersées. Le nom de cette offre, ses détails et le partenariat avec un leader de la visioconférence seront dévoilés en janvier 2021. A noter que certains établissements, comme le Novotel Lyon, ont pris les devant, en installant un véritable plateau de télévision en ses murs. 

A cela pourrait s’ajouter l’aménagement d’espaces de travail collectif de type coworking lorsque la situation sanitaire sera maîtrisée, comme l’a mis en place la chaîne d’hôtels américaine Best Western avec son programme MyWo. Avant le confinement, 10 000 télétravailleurs effectuaient une réservation d’un espace de coworking chaque mois. 

Présent dans 110 pays, et accueillant d’ordinaire 630 000 hôtes par jour, le groupe Accor – désormais ALL – est le leader de l’industrie hôtelière. Il dispose de 39 marques, d’établissements de luxe à des établissements plus économiques tels que Sofitel, Pullman, M Gallery, Mövenpick, Mama Shelter, Novotel ou encore Ibis.