Parmi tous les secteurs impactés par le Covid-19, celui des brasseurs a dû s’adapter pour faire face à une demande constante tout en palliant les difficultés de production et d’approvisionnement. Plus qu’une réaction au contexte de crise, c’est une petite révolution qu’ont entamé les ténors comme les indépendants.
Budweiser Brewing Group UK&I, l’un des leaders mondiaux de la bière a fait sortir de terre une toute nouvelle stratégie pour contrer le confinement et assurer aux magasins partenaires de disposer de ses produits sans interruption. En Grande-Bretagne, ce sont pas moins de 65 000 hectolitres de bière qui ont été acheminés vers 800 points de vente partout dans le Royaume. Les livraisons ont pu être effectuées après une réorganisation d’une dizaine de jours. Pour réaliser ce tour de force, le groupe s’est penché sur trois approches. La première consistait à réduire à néant toute forme de stock. Dans ce cadre, les boutiques sont directement livrées d’une quantité de 900 hectolitres, ce qui représente près de 27 000 bouteilles et canettes. La deuxième s’appuie sur l’ouverture de trois nouveaux dépôts à des endroits stratégiques du territoire. Trois dépôts ayant permis d’augmenter la capacité de stockage de 50%. La troisième, enfin, tisse une relation de partenariats avec les clients du groupe. Ces derniers, voulant assurer la continuité de leurs approvisionnements demandent tout simplement à Budweiser de conditionner et délivrer directement leurs commandes.
Directement du producteur au consommateur
Avec la crise du Covid-19, Beavertown est passé tout près du gouffre. Avec une chute de 85% de son chiffre d’affaire au premier trimestre 2020, le groupe londonien fondé en 2011 par Logan Plant a opté pour un changement radical de stratégie. Le fils de Robert Plant, l’immense chanteur de Led Zeppelin, a décidé de réorienter sa société vers le DTC. Malgré l’injection de 40 millions de livres en 2018 par le géant Heineken, rien, en effet, ne pouvait prémunir le groupe du chaos sanitaire du Covonavirus. A l’annonce du confinement décrété par le Premier ministre britannique Boris Johnson, Beavertown a perdu en un instant l’essentiel de ses clients. Des clients composés de pubs et de restaurants. A la faveur du lancement d’une toute nouvelle gamme, l’équipe de Plant a lancé un programme de vente directe qui s’est avérée fructueuse. Après un démarrage timide, le volume d’affaire a finalement augmenté pour contribuer à rétablir la balance commerciale de Beavertown. Pour 2020, le groupe entend développer encore davantage ses activités DTC et tente désormais de trouver une méthode alliant rapidité d’approvisionnement et sécurité du service. Le spectre de la crise est passé par là et Beavertown comme ses concurrents doivent aujourd’hui intégrer la donne sanitaire dans leur politique.
Des punks pragmatiques
Jusqu’ici engagé dans une approche multicanale, Brewdog tente aujourd’hui de recentrer son activité française vers la grande distribution. Avec une centaine d’établissements (hôtels, bars, restaurants, pubs traditionnels, micro-brasseries affiliées…), dont deux dans l’hexagone, le groupe écossais a été durement touché par la crise… mais a pu s’appuyer sur le succès de sa gamme Punk IPA (80% du volume de production et de vente) pour se maintenir dans la course. Marketing manager du groupe pour le marché tricolore, Anne-Laure Charrier assurait au micro de E-Marketing que la marque allait augmenter sa présence dans la grande distribution en multipliant les opérations en magasins tout en maintenant son positionnement premium. « Nous allons également profiter du développement de notre gamme sans alcool pour offrir une pinte à nos clients lors de la réouverture de nos pubs, dans le respect de la réglementation. Nous regardons aussi comment nous pourrions adapter une initiative de pub digital née au Royaume-Uni » a-t-elle précisé. Autant de pistes qui, mises bout à bout, peuvent donner des inspirations pour l’ensemble du secteur.
- Au plus fort de la crise, Budweiser a redessiné son réseau de distribution pour assurer à ses clients un accès régulier aux produits de sa gamme.
- Brasseur londonien fondé par le fils du leader de Led Zeppelin, Beavertown a basculé dans le DTC pour amortir le choc du confinement et la fermeture des pubs et des restaurants qui composaient, jusqu'ici, l'essentiel de sa clientèle.
- Brewdoc amorce, quant à lui, un virage en se projetant désormais vers la grande distribution.
jeremy felkowski
Journaliste, entrepreneurs des médias et touche-à-tout insatiable, Jérémy Felkowski a fondé "Le Zéphyr", un bi-média déployé sur le web et sur papier qui explore l'actualité au travers des aventures humaines. Un projet qui permet à sa rédaction de donner corps à une ligne éditoriale curieuse, exigeante et humaniste. Il accompagne également créateurs de médias dans la définition de leur concept, de leur communication et de leur networking. A partir de 2015, cet engagement s'est matérialisé par un événement dédié aux jeunes pousses de l'information qu'il porte avec Le Zéphyr, en parallèle de ses missions de coaching. "Le Printemps des médias" rassemble chaque année à Paris une centaine de créatifs, de journalistes et d'esprits curieux autour de problématiques centrales du monde médiatique. Mais au-delà des rencontres et du pilotage de projets, il partage désormais son expertise avec les étudiant.e.s d'écoles de journalisme et de communication tels que l'IICP, l'ISG, l'EFAP et les établissements du groupe ESG.