En plein confinement, la chanteuse Róisín Murphy, s’adonne, à l’instar d’autres professionnels de la musique, à la diffusion de concert en direct afin de pallier la fermeture des salles et autres night clubs . Avec une inventivité intacte, elle délivre près de 6 micro-vidéos promouvant la sortie de Róisín Machine, album dansant en diable et cinquième opus d’une carrière solo bien remplie. Mais ne lui parlez pas de concert filmé, il s’agit au contraire de véritables performances tant vocale que scénique où son propre salon devient, le temps d’une soirée, mi-auditorium, mi-dancefloor, avec un effet écran géant. de quoi ravir les fans de disco.
“I feel my story’s still untold, But I’ll make my own happy ending » – J’ai comme l’impression que mon histoire n’a pas encore été racontée, mais je vais réaliser ma propre fin heureuse » – c’est par ses mots que s’ouvrent le septième titre du dernier album de Róisín Murphy, des mots porteurs d’espoir en cette fin d’année. A bien des égards, Róisín Machine, paru sur le label Skint Records (BMG Rights Management), s’est révélé comme l’antidote rétro au blues de la quarantaine avec ses envolées de clavier, sa dimension harmonique et le timbre de sa voix si reconnaissable. Dans une mouvance similaire avec son album Overpowered (2007) et son titre Let Me Know, Róisín Murphy revient et, à la faveur du confinement, se met au live streaming.
A travers multiples performances depuis son lieu de confinement, elle revient aux sources du son Garage, ce genre musical des années 1990 qui, comme son nom l’indique, consistait à bidouiller de la musique électronique depuis chez soi et qui samplait alors morceaux de gospel, New Wave 80s et disco. Son marathon musical débuta en mai avec une série de six vidéos diffusées dans le cadre de l’évènement Stay Homo organisé par l’équipe derrière la marque culte de clubbing originaire de Manchester, Homoelectric. Au programme un line-up de pointures du clubbing pour 12 heures de mix. Pour l’occasion, Róisín Murphy s’est filmé dans son salon transformé en scène de spectacle, sublimant les lieux avec l’aide de ses complices, son partenaire Sebastiano Properzini et du designer lumière Tom Schofield. Selon la chanteuse, plus qu’un concert filmé, c’est une performance cinématographique dans la mesure où elle ne fait pas que chanter mais se lâche littéralement et montre sa facette spontanée et ultra-expressive. Citons ainsi le 17 mai, la diffusion sur Youtube de son titre Narcissus/Royal T aux accents d’ego trip – dans l’air du temps, tout en précipitant l’auditeur dans l’âge d’or du Studio 54, période Steve Rubell. Le 20 mai, elle récidive cette fois-ci avec un autre micro-showcase exclusif de moins de 10 min autour d’un remix par Cosmodelica de Murphy’s Law. Le titre entre en résonance avec l’Annus Horribilis actuelle avec la fameuse loi établie par l’ingénieur aérospatial américain Edward A. Murphy Jr. – dite loi de Murphy, adage selon lequel “Tout ce qui est susceptible d’aller mal, ira mal” – C’est aussi un clin d’œil empli d’auto-dérision à son nom de scène et un air d’hommage à un titre rétro éponyme de CHERI – interprété par Geraldine Hunt. Par ce titre, elle démontre qu’il est possible de faire preuve d’un peu de légereté à une ère de grande crispation. En Septembre, changement de décor, direction Ibiza, son nouveau lieu de confinement avec Something More. En Octobre, la chanteuse a donné une performance acoustique pour le magazine Esquire, en partenariat avec la maison horlogère Breitling.Enfin, en novembre, elle a donné un concert en live streaming sur la plateforme Mixcloud. Le show, accessible moyennant la somme de 13 dollars, était rediffusé trois fois dans la même journée.
Adepte du fait maison, Róisín n’en est pas moins perfectionniste. Ainsi quand il s’agit d’expliciter le choix du titre Machine pour son album, elle répond tout de go “Je suis une machine je fais tout : les vidéos, la création artistique, je décide de qui me produira et je reste très regardante quant à la production jusqu’à la fin du projet.” C’est que la chanteuse irlandaise n’en est pas à son coup d’essai. Vocaliste du duo trip hop et disco house Moloko, qui avait fait danser les foules avec ses singles Sing It Back ou encore The Time Is Now, avant de voler de ses propres ailes vingt ans durant et avec succès. Ayant grandi en Irlande de 1973 à 1985, elle a ensuite migré au nord de l’Angleterre, à Sheffield. Une destination bien connue de la production électronique avec des artistes comme Human League, Cabaret Voltaire et le label Warp Records. De son aveu, elle s’est mise dès cette époque à écouter des artistes de la scène house émergente comme 808 State. Comme elle le déclare “mon idée du disco est vaste, ce n’est pas juste Sylvester et Chic… c’est aussi Joy Division”.
A côté de cela, le disco, style musical et vestimentaire-marronnier de la fin d’année avec ses strass, ses paillettes et des robes spectaculaires lamé or à la Bob Macky était aussi présent sur la scène pop mainstream. Notons ainsi les sorties très remarquées cette année de l’album Future Nostalgia (Warner) par la sensation pop britannique du moment Dua Lipa ou encore Kylie Minogue et son quinzième album Disco (Liberator Music). Toutes deux surfent sur la nostalgie 70s-80s et d’un son high energy, véritable exutoire face à une année morose. La Diva australienne a proposé un show en streaming sur la plateforme Dice et vendu dans une centaine de pays. De son côté, Dua Lipa, qui a vu sa tournée mondiale stoppée nette par l’avancée du coronavirus, a donné un concert-émission spéciale lors de la fête de Thanksgiving sur la plateforme Live-Now. Le show en live streaming a attiré près de 5 millions spectateurs, boostant du même coup de +70% les réservations pour sa nouvelle tournée mondiale. Pour maximiser la portée en fonction des inégalités régionales, le label TaP Music a négocié pour l’occasion directement avec les DSP locaux pour des diffusions gratuites notamment en Inde et en Chine. Dans cette dernière contrée, la diffusion fut assurée par Tencent. Plus récemment, Dua Lipa a pris part au nouveau format de NPR Music’s, intitulé Tiny Desk (Home) et permettant à des artistes de se produire sur internet ou encore adapté son clip Levitating au format et à l’univers visuel TikTok.
victor gosselin
Journaliste web spécialiste des univers mode, luxe, tech et retail, passé par le Journal du luxe et Heuritech, Victor s'est spécialisé dans la rédaction de contenus BtoB. Diplômé de l'EIML Paris en marketing et communication, Victor a précédemment oeuvré dans le retail mode & luxe (Burberry, Longchamp...) ainsi que dans un département planning stratégique spécialisé luxe et premium en agence de publicité.