La maison joaillière Cartier vient de nommer pour sa filiale américaine, sa première Diversity & Inclusion (D&I) Executive. Forte de son expérience concluante au sein de l’éditeur Condé Nast, Erica Lovett est chargée d’implémenter une stratégie actionnable au sein de la marque de luxe pour lutter contre toute forme de discrimination et véhiculer une image de respect et de bienveillance auprès des parties prenantes et des futures recrues. 

Auparavant en charge des questions de diversité et d’inclusion au sein du groupe d’édition de magazines Condé Nast, Erica Lovett veillait à la conformité de ces enjeux au niveau du portefeuille de marques, de la technologie et du divertissement. Son rôle lui avait valu d’être reconnue en 2020 comme un des 250 leaders du divertissement par le National Diversity Council. 

Au sein de la maison Cartier, elle sera chargée de développer une roadmap D&I sur quatre domaines clés que sont : la culture d’entreprise, le recrutement et la rétention de talents, l’engagement des collaborateurs et les partenariats. Sa mission consistera à lutter contre toute forme de discrimination et de racisme “des bureaux aux boutiques”. Impliquée au sein de l’équipe de direction, elle réfèrera directement auprès de Mercedes Abramo, Présidente Cartier Amérique du Nord et CEO. La CEO de la marque de luxe voit d’ailleurs le poste comme un coach auprès des équipes pour les sensibiliser à des questions de diversité, d’équité et d’inclusion “en interne comme en externe”. Lovett sera aussi chargée de nouer des partenariats avec des experts en D&I externes. Une telle nomination constitue un jalon majeur dans l’histoire de Cartier et de son groupe parent Richemont. Pour accroître la portée et dans une logique de story proving, les objectifs et les résultats D&I seront rendus publics. 

S’assurer que la politique de recrutement, les propos ou encore le design produit ne soit perçu ni comme discriminant ni comme offensant, est un enjeu prégnant pour une industrie de la mode et du luxe devenue globale et par essence cosmopolite. Il en va ainsi du nécessaire respect des spécificités culturelles locales. En Chine, le joaillier a dû affronté une polémique en 2020 avec une campagne lancé dans le cadre de 七夕 Qixi – la Saint Valentin chinoise qui tombe le septième jour du septième mois lunaire, en août – montrant une relation proche et jugée ambiguë entre “un père et son fils” est très mal perçue sur les réseaux sociaux locaux dans un pays profondément conservateur et collectiviste où l’homosexualité ne se montre jamais à la vue de tous.

La création d’un poste spécifique était déjà présent au sein de la profession mais de manière éparse. L’urgence de justice sociale face à une crise d’une ampleur inédite a largement accéléré le phénomène. L’indignation qu’a suscité le meurtre de George Floyd et la détermination du mouvement Black Lives Matter lors de la pandémie a réveillé un devoir de transparence et d’équité de la part des marques. Mais attention, désormais se déclarer anti-raciste ne suffit plus, il faut le prouver par des actes

Cartier n’est toutefois pas la première entreprise du luxe à s’engager davantage pour une meilleure équité par la création d’un poste spécifique. Pris au coeur d’une vive polémique, la maison Gucci avait été l’une des premières en 2019, suivie de près par la maison Chanel, avec respectivement les nominations de Renée Tirado (avocate de formation et ex-directrice D&I de fédérations sportives) et Fiona Pargeter (ex-responsable D&I EMEA au sein de la banque UBS). 

Une condition sine qua none dans le choix des profils éligibles au poste demeure : l’expérience d’un milieu multi-culturel par ses origines ou sa carrière professionnelle. Le responsable D&I est un rôle amené à prendre du galon à l’aune de la montée en puissance de la RSE (Responsabilité sociale et environnementale des entreprises) et du désir ardent d’engagement des consommateurs vis-à-vis des marques pour des causes progressistes (anti-racisme…) Les marques doivent prendre conscience que toute hiérarchisation des cultures ne peut plus décemment avoir cours, et ce alors même que le luxe contemporain, , a pendant plus de trente ans largement favorisé une esthétique européenne. 

 

Hors D&I, de nouvelles fonctions voient le jour dans des grands groupes disposant de nombreuses filiales à l’international. C’est ainsi que le groupe Condé Nast a créé le double poste de Chief Content Officer (CCO) et Content Advisor qu’il a confié à la rédactrice en chef emblématique du Vogue US, Anna Wintour. Un métier chargé de veiller à l’alignement de la ligne éditoriale internationale avec l’édition américaine.  Elle supervisera l’ensemble des marques du groupe  dans le monde dont les 25 éditions locales du magazine Vogue.